André Loppe un vrai fondu d’accordéon: il en joue, il les vend et il les répare…
Les amateurs ne connaissent que lui: dans la lignée des Hector Delfosse et notre Willy Staquet, l’aiselien est devenu à 44 ans une vraie star du musette.
Un choix qu’il revendique haut et fort: « L’envie de jouer de l’accordéon m’est venue lorsque j’étais enfant. J’ai recu un disque d’Edouard Duleu, un maitre du genre, et ça a été le véritable déclic. Ce disque je le conserve d’ailleurs précieusement dans ma vitrine à souvenirs. »
La RTBF oublie l’accordéon
A 14 ans, André commence à prendre des cours.
Il aura Pol Préat et Pierre Welters comme professeurs et sortira premier prix du conservatoire, avec une très solide formation en accordeon classique: « Il est évident que cette discipline apporte des bases techniques indispensables si on veut faire du travail sérieux. Comme disait Pol Préat: ce n’est pas en jouant des chansons qu’on apprend l’accordéon. Mais c’est un instrument qui reste avant tout très populaire et le classique fait rarement vivre son homme. »
André Loppe se lance donc dans le musette, et remporte très vite un grand succès.
En 1980, il fonde son propre orchestre. Il a également une impressionnante discographie qui lui a valu deux disques d’or et surtout, il a joué aux côtés de monstres sacrés de l’accordéon. Aimable, André Verchuren ou encore Yvette Horner, pour ne citer que ceux-là.
Grand habitué des émissions de Pascal Sevran (« j’y allais déjà quand il était sur TF1 et on y est fort aimablement reçu ») il se produit aussi sur France 3 entre autres. Malheureusement les accordéonistes de chez nous ne sont pas toujours prophètes en leur pays: « c’est dommage mais actuellement la RTBF ne fait rien pour nous, ni en télé,ni en radio…
«Le coup de pouce de Bob
Parlant de radio, il a cependant une pensée émue pour Bob Dechamps: « Je lui dois beaucoup. C’est lui, en tout cas, qui a passé mon premier disque à l’antenne, lorsqu’il avait son émission sur Canal 13, à la RTBF Charleroi. »
Mais un de ses souvenirs les plus marquants reste sans aucun doute son passage, en soliste, à l’Olympia: « C’était encore l’ancienne salle, avant la rénovation. Cette scène si mythique, ces loges où sont passées tant de vedettes, je vous jure que ça fait un drôle d’effet. En fait, nous devions nous produire à l’entracte, dans le cadre d’un concours international de danses de salon. L’orchestre de radio France faisait la première partie. Mais à l’Olympia, le régisseur était très strict et faisait lever le rideau à l’heure pile. Cinq minutes avant, les musiciens de l’orchestre n’étaient pas encore là, ils étaient partis manger un bout. Et le responsable a décrété qu’ils ne joueraient pas; nous étions quatre accordéonistes: il nous a fait monter sur scène et nous avons dû, au pied levé, jouer chacun deux morceaux. Je ne l’oublierai jamais: j’ai joué une de mes composition, Accordéon en fête, et Reine de Musette. »
André Loppe, qui avait entamé une carrière professionnelle aux glaceries St-Roch, a vite décidé de se consacrer uniquement à sa passion, qui l’emmène aujourd’hui aux quatre coins du monde.
Mais il est aussi importateur pour deux prestigieuses marques d’accordéon, et réparateur: « C’est un fameux travail de précision qu’on ne peut apprendre que sur le tas. J’ai suivi des formations chez des artisans et chez des fabricants, en France et en Italie. »
Papa comblé d’une fille de six ans, il ne cache pas qu’il serait heureux de voir la petite suivre ses pas: « Mais si elle ne veut pas, je ne la forcerai sûrement pas!
Françoise Dry
